Jan Karski

Cette personne at-elle pas d'images. Cliquez pour ajouter de nouveaux!
Date de naissance:
24.06.1914
Date de décès:
13.07.2000
Durée de vie:
86
PERSON_DAYS_FROM_BIRTH:
40149
PERSON_YEARS_FROM_BIRTH:
109
PERSON_DAYS_FROM_DEATH:
8717
PERSON_YEARS_FROM_DEATH:
23
Noms supplémentaires:
Jan Karski, Jan Romuald Kozielewski, ps. Witold, Janas Karskis
Catégories:
Diplomate, Historien, Juriste, Le héros national, Participant de la seconde guerre mondiale
Cimetière:
Washington, Mount Olivet Cemetery

Jan Karski, de son vrai nom Jan Kozielewski, né le 24 juin 1914 à Łódź et décédé le 13 juillet 2000 à Washington, est un résistant polonais de la Seconde Guerre mondiale, courrier de l'Armia Krajowa (Armée de l'intérieur).

Karski échappe à Katyn

En 1939, ce jeune catholique est employé au ministère polonais des Affaires étrangères, où de brillants débuts semblent lui promettre une belle carrière diplomatique. Durant la campagne de septembre 1939, il est fait prisonnier par les Soviétiques. Dissimulant sa qualité d'officier, il obtient d'être remis aux mains des Allemands dans le cadre d'un échange de simples soldats polonais entre l'Allemagne et l'URSS. Il échappe ainsi à l'élimination de l'élite polonaise à laquelle se livre l'URSS et dont le massacre de Katyń est l'épisode le plus connu.

Dans la résistance polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale

En novembre 1939, il réussit à s'évader d'un transport de prisonniers, arrive à Varsovie et rejoint la Résistance, au sein de laquelle son frère aîné Marian joue déjà un rôle important. À partir de janvier 1940, il prend part aux missions de liaison avec le gouvernement polonais en exil à Angers en France.

Le rapport de 1940 sur les territoires occupés par l'URSS

À la demande de Stanisław Kot, ministre de l'Intérieur du gouvernement en exil, Karski remet en février 1940 des rapports sur la situation en Pologne. Kot, qui est l'époux d'une Juive, se montre soucieux du sort des Juifs.

Un des rapports de Karski est intitulé « La situation des Juifs dans les territoires occupés par l'URSS ». Karski y écrit que, grâce à leur capacité d'adaptation, les Juifs sont devenus florissants dans les territoires en question; ils ont conquis des postes-clés dans les cellules politiques et sont largement représentés dans divers secteurs, principalement le commerce; mais par-dessus tout, ils pratiquent l'usure, l'exploitation, le commerce illégal, la contrebande, le trafic des devises et des spiritueux, le proxénétisme et l'approvisionnement de l'armée d'occupation; la population polonaise les voit comme des alliés enthousiastes de l'envahisseur communiste et Karski pense que c'est une vue juste, mais l'attitude des Juifs, particulièrement celle de Juifs de condition modeste, lui semble compréhensible, vu les avanies qu'ils avaient subies de la part des Polonais; il considère cependant comme indéfendables les nombreux actes de délation commis par des Juifs, parfois membres de la police, contre des étudiants polonais nationalistes ou contre des Polonais notables, ainsi que le tableau calomnieux qu'ils peignent des relations entre Polonais et Juifs dans la Pologne d'avant la guerre; ces conduites sont malheureusement plus fréquentes chez les Juifs que les preuves de loyalisme envers la Pologne.

Les deux rapports contradictoires de 1940 sur les territoires occupés par l'Allemagne

Karski rédige aussi un rapport sur le sort des Juifs dans les territoires polonais occupés par les Allemands. Selon ce rapport, une grande partie de la population polonaise se réjouit de la façon dont les Allemands débarrassent la Pologne des Juifs. Karski joint cependant à ce rapport une version, destinée à la propagande, où l'hostilité des Polonais envers les Juifs est remplacée par un sentiment croissant de solidarité.

Propagande noire

Fait prisonnier par la Gestapo en Slovaquie en juin 1940, il s'échappe de l'hôpital à Nowy Sącz avec l'aide de la Résistance. En 1941, dans le cadre de l'organisation Action N, il fait imprimer et distribuer aux soldats allemands des tracts rédigés en allemand qui sont en réalité de la propagande noire. Il participe ensuite aux activités du Bureau d'information et de propagande de l'Armia Krajowa, où sa tâche est d'abord d'analyser les publications des divers groupes résistants, puis les émissions des radios alliées et neutres.

Mission à l'Ouest

En octobre 1942, il part en mission, sous l'identité d'un travailleur français de Varsovie, traversant l'Allemagne, la France, l'Espagne, pour gagner Londres via Gibraltar. Il est chargé par la Résistance polonaise de fournir au Gouvernement polonais en exil et à son Premier ministre, le général Władysław Sikorski ainsi qu'aux représentants des partis politiques polonais en exil, un compte rendu de la situation en Pologne.

Selon des déclarations qu'il fera à partir de 1987, il transporte des microfilms. Les historiens ont admis que les écrits amenés de Pologne par Karski contenaient des informations sur le déroulement de l'extermination des Juifs en Pologne occupée et que c'est sur la base de ces écrits que le Gouvernement polonais en exil à Londres transmettra aux Gouvernements alliés entre fin novembre et début décembre 1942 un des rapports les plus précoces, précis et accablants sur l'extermination des Juifs en Pologne occupée par l'Allemagne nazie, rapport à la suite duquel, le 17 décembre 1942, les Alliés dont la France libre, publièrent une déclaration commune condamnant la mise en application des intentions d'Hitler concernant l'extermination des Juifs d'Europe. En 2014, toutefois, W. Rappak a noté qu'il n'y a pas de preuve documentaire de l'existence d'informations sur les Juifs dans le « courrier » acheminé par Karski. D'ailleurs, quand il arrive à Londres, Karski remet à Sikorski un long rapport où il n'y a pas un mot sur le sort des Juifs.

Lors de ce voyage à l'Ouest, Karski raconte que, peu avant son départ, il était entré clandestinement dans le ghetto de Varsovie et dans un camp d'extermination afin de pouvoir témoigner plus tard. Les informations qu'on a sur sa visite au camp reposent toutes sur ses propres témoignages. C'est le cas, par exemple, d'un passage du livre de Jan Nowak. Karski disait, au départ, que le camp d'extermination dans lequel il avait pénétré était celui de Belzec, mais les descriptions qu'il donnait de ce qu'il croyait être Belzec ne correspondaient pas avec ce que l'on en sait. D'après ses biographes, E. Thomas Wood et M. Jankowski, il s'agirait en fait du camp de tri proche d'Izbica Lubelska. Plusieurs historiens ont accepté cette théorie, ainsi que Karski lui-même. Karski disait aussi que pour pénétrer dans le camp, il avait endossé l'uniforme d'un gardien estonien et avait été accompagné par un autre gardien, estonien lui aussi. Ce point ayant soulevé des critiques, il parlera plus tard de gardiens ukrainiens.

Sa mission le conduit d'abord en Grande-Bretagne, où il rencontre notamment le ministre britannique des Affaires étrangères, Anthony Eden, et Lord Selborne, ministre chargé du Special Operations Executive (SOE). Karski a raconté qu'après avoir écouté la relation de ses visites au ghetto de Varsovie et au camp de Belzec, Lord Selborne lui dit : « Monsieur Karski, pendant la Première Guerre mondiale, nous avons lancé de la propagande selon laquelle des soldats allemands écrasaient les têtes de bébés belges contre les murs. Je pense que nous faisions un bon travail. Nous devions affaiblir le moral allemand, soulever l'hostilité contre l'Allemagne. C'était une guerre très sanglante. Nous savions que cette histoire était fausse. Parlez de ce qui vous préoccupe, délivrez votre message. Efforcez-vous d'indigner l'opinion publique. Je veux que vous sachiez que vous contribuez à la cause des Alliés. Nous avons besoin de cette sorte de rapports. Votre mission est très importante. » Karski ajoute : « Il me disait clairement : 'Monsieur Karski, vous savez et je sais que votre récit n'est pas vrai.' »

Karski se rend ensuite aux États-Unis.

Comme en Grande-Bretagne, il y rencontre des leaders de la communauté juive. C'est ainsi que Jan Ciechanowski, ambassadeur du gouvernement polonais en exil, obtient que Karski ait, le 5 juillet 1943, un entretien à l'ambassade avec Felix Frankfurter, juge à la Cour suprême des États-Unis et lui-même juif. Frankfurter, qui avait quelques mois auparavant réagi de façon cavalière à des récits d'atrocités nazies qui lui étaient présentés par Nahum Goldmann (il avait immédiatement parlé d'autre chose), dit après avoir écouté l'histoire de Karski : « Monsieur Karski, un homme comme moi parlant à un homme comme vous doit être tout à fait franc. Je dois donc vous dire que je suis incapable de vous croire. » L'ambassadeur ayant protesté contre ce qu'il perçoit comme une accusation de mensonge et un outrage au gouvernement polonais en exil, Frankfurter répond : « M. l'ambassadeur, je n'ai pas dit que ce jeune homme mentait. J'ai dit que je suis incapable de le croire. Ce n'est pas la même chose. » (« Mr. Ambassador, I did not say this young man is lying. I said I am unable to believe him. There is a difference. »).

Wood et Jankowski, biographes de Karski, conjecturent que c'est à cause de l'incrédulité de Frankfurter que Karski, comme cela semble bien résulter des archives et de ses propres souvenirs, évita de mentionner ses constatations oculaires dans les entretiens qu'il eut par la suite avec des représentants du gouvernement américain. Il observe par exemple ce silence au cours d'une audience qui lui est accordée le 28 juillet 1943 par le président Franklin Delano Roosevelt et où il évoque les atrocités nazies contre les Juifs sans se présenter comme témoin direct. En revanche, il fera encore état de ses expériences personnelles lors de rencontres avec des dirigeants juifs.

Le général Sikorski envoie le Rapport Karski aux gouvernements britannique et américain avec la demande d'aide aux Juifs polonais. Il est communiqué aux politiques, aux évêques, à la presse, aux artistes, etc., mais rencontre sinon de l'indifférence, du moins de l'incrédulité. Paul Bouchon rend compte de ce rapport dans l'émission radiophonique Les Français parlent aux Français du 8 juillet 1943.

En 1944, Karski écrit Story of a Secret State, My Report to the World (Histoire d'un État secret, Mon rapport pour le monde), livre consacré à l'État clandestin polonais et à la résistance polonaise, une des plus importantes, sinon la plus importante, en Europe. L'agent d'édition de ce livre est Emery Reves, connu aussi pour avoir édité le livre suspect Hitler m'a dit de Hermann Rauschning et le livre I paid Hitler, de Fritz Thyssen, auquel il semble avoir ajouté des éléments qui ne provenaient pas de Thyssen. Reves interdit à Karski toute critique envers l'URSS, s'arroge le droit de rendre le texte plus attrayant et exige la moitié des droits d'auteure.

Carrière aux États-Unis après la guerre

Après la guerre, Karski enseigne les sciences politiques et plus précisément les relations internationales à l'université de Georgetown à Washington. Il s'engage aussi dans le combat contre le second totalitarisme qu'il a connu : le communisme soviétique. En 1954, il est naturalisé américain.

À partir de la fin des années 1970, son témoignage est à nouveau sollicité et il est souvent amené à parler de la guerre et de la Shoah. Walter Laqueur le cite dans son livre Le terrifiant secret. La « solution finale » et l'information étouffée (1980). Laqueur avait également rencontré Gerard Riegner, du Congrès juif mondial, qui avait envoyé le 10 août 1942 un télégramme au Foreign Office l'informant des mesures prises par Hitler dans le cadre de la « Solution finale » .

En 1981, lors de la « Conférence Internationale des Libérateurs » à Washington, Karski revient sur sa propre expérience de témoin du génocide commis par les nazis.

En 1985, Jan Karski fait partie des témoins interrogés par Claude Lanzmann dans le film Shoah. Le réalisateur y diffuse une partie d'un entretien qu'il a eu avec lui en 1978, sans inclure la partie du témoignage de Karski relative à sa mission d'information des Alliés au nom de la Résistance polonaise. Karski relate à Lanzmann les rencontres cauchemardesques et les missions que lui avaient confiées deux responsables juifs polonais à Varsovie, l’un appartenant à la tendance sioniste et l’autre au Bund. On lui demandait d'informer le plus grand nombre de dirigeants politiques et de personnalités juives à travers le monde de l’horreur qu'étaient en train de vivre les Juifs et les convaincre de « faire savoir à la population allemande que des bombardements de représailles [seraient] effectués si l'extermination n'[était] pas interrompue ». Il revient également sur ses deux incursions dans le ghetto, par les entrées d’un immeuble qui donnait à la fois dans le ghetto et dans la ville, en compagnie du responsable du Bund, qui lui avait proposé de faire cette visite, pour rendre son témoignage plus convaincant.

Il déclare notamment dans son récit :

Je n’étais pas préparé à ce que j’ai vu, personne n’avait écrit sur une pareille réalité, je n’avais vu aucune pièce, aucun film [...] je savais que des gens mouraient, mais ce n’était pour moi, que des statistiques.
Ce n’était pas l’humanité, on me disait qu’ils étaient des êtres humains, mais ils ne ressemblaient pas à des êtres humains, ce n’était pas le monde, je n’appartenais pas à cela. C’était une sorte d’enfer, les rues étaient sales, crasseuses, et pleines de gens squelettiques, la puanteur vous suffoquait, il régnait de la tension, de la folie dans ce lieu. Des mères allaitaient leurs bébés dans la rue, alors qu’elles n’avaient pas de seins. Les dépouilles étaient déposées, nues, à même le sol, car les familles n’avaient pas les moyens pour leur payer une sépulture, chaque haillon comptait dans ce lieu, tout s’échangeait, tout se vendait pour survivre, et de ce fait, les dépouilles étaient laissées sur le trottoir, en attendant d’être ramassées par un service spécial. Et, marchant à côté du responsable du Bund, qui avait changé d’allure dans sa façon de se mouvoir, le dos courbé, pour se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer, il m’arrivait de lui demander ce qu’il arrivait à tel ou tel Juif, debout, immobile, les yeux hagards, il me répondait toujours, ils se meurent, souvenez-vous, ils se meurent, dites-leur là-bas [...]

Par la suite, tout en saluant la qualité et la cohérence du film de Lanzmann, Karski regrettera que les passages de leur entretien sur le rôle des Polonais dans l'aide aux Juifs n'aient pas été diffusés.

En 1982, il a été reconnu Juste parmi les nations, et en 1994, il est fait citoyen d'honneur de l'État d'Israël. Une biographie, Karski : How One Man Tried to Stop the Holocaust, lui est consacrée en 1994, écrite par Thomas Wood et Stanislaw M. Jankowski.

Il décède le 13 juillet 2000.

Réserves de Raul Hilberg

Raul Hilberg, qui est de façon générale très réticent à utiliser des témoignages dans ses ouvrages historiques, a exprimé des réserves sur certains points du témoignage de Jan Karski.

En 1986

Il déclarait en 1986 : « Je ne mettrais pas son nom comme référence dans l'un de mes livres ».

En 1992

Dans la version initiale de son livre Mon témoignage devant le monde, Jan Karski avait écrit que le gardien dont il avait emprunté l'uniforme et le gardien qui l'avait accompagné au camp étaient estoniens. Il disait encore la même chose, quant à son accompagnateur, lors de son interview par Claude Lanzmann en 1978-1979 et, quant au propriétaire de l'uniforme, dans un entretien de 1979 avec Walter Laqueur. Dans un livre de 1992, Raul Hilberg releva cette affirmation comme peu vraisemblable, la seule nationalité attestée de gardes non allemands de Belzec étant la nationalité ukrainienne. Karski expliqua ensuite, dans une interview de 1993 avec ses biographes Wood et Jankowski, qu'il avait dit « estonien » au lieu d' « ukrainien » pour un motif de sécurité.

Hilberg notait aussi, dans son livre de 1992, que contrairement à des déclarations de Karski, les Juifs détenus à Belzec ne provenaient pas de Varsovie et ne quittaient pas le camp dans des trains où ils devaient mourir, mais étaient tués dans les chambres à gaz du camp.

En 2001

Dans une biographie parue en 1994, E.T. Wood et S.M. Jankowski proposèrent une solution à certaines des difficultés soulevées par Hilberg : Karski n'aurait pas vu le camp de Belzec mais le ghetto d'Izbica Lubelska.

Sept ans plus tard, Raul Hilberg précise son point de vue dans son livre Holocauste, les sources de l’histoire. Donnant un exemple de la « falsification » consistant à se dire témoin direct de faits qu'on ne connaît que par ouï-dire, il relève de nouveau les contradictions entre les récits de Karski et ce qu'on sait sur le camp de Belzec, mentionne la solution Izbica de Wood et Jankowski sans la combatttre ni la prendre à son compte, puis ajoute : « Ses ajouts à ce dont il avait eu personnellement connaissance visaient peut-être à retenir l'attention et mobiliser les consciences de tous ceux à qui il parla. Il crut peut-être que ce renchérissement était justifié, et peut-être refusa-t-il d'y voir une forme de contamination ».

 

Sources: wikipedia.org, news.lv

Pas de lieux

    loading...

        Rapports

        NomLienDate de naissanceDate de décèsDescription
        1Pola NirenskaPola NirenskaFemme28.07.191025.07.1992

        Aucun événement fixés

        Mots clés